Cette semaine on va parler des inégalités entre les hommes et les femmes dans mon groupe de conversation en français.

Au début de votre apprentissage du français et encore maintenant vous êtes confrontés au fait qu’en français les noms ont un genre. Les noms français peuvent être féminins ou masculins.

On a aussi des pronoms qui marquent le genre en français comme : il / elle au singulier et ils / elles au pluriel. Et on a aussi des règles de grammaire liées au féminin et au masculin.

De ce fait, on remarque parfois des bizarreries, des choses bizarres qui peuvent nous faire penser que la langue française est sexiste envers les femmes. Est-ce que c’est vrai ? On va voir ça tout de suite, c’est parti !
 

C’est un sujet dont on peut parler pendant des heures, je vais alors essayer d’être concise et de vous apporter les informations que je trouve les plus intéressantes. 

Dans la langue française, les noms ont un genre on va dire : une chaise / un livre, etc.

Mais, ça, ce n’est pas réellement choquant et je ne pense pas qu’il y ait eu un choix volontaire sur ça. Par contre, d’autres éléments peuvent nous faire penser que la langue française est sexiste. 
 

Plusieurs mots français au masculin ont le sens qu’ils doivent avoir et au féminin ils prennent un autre sens qui est péjoratif, défavorable.

Par exemple : “un gars” c’est un mot familier pour désigner un homme. Une “garce”, le féminin de gars, c’est une insulte envers les femmes. 

C’est aussi flagrant, c’est-à-dire visible sur les noms d’animaux : un chien, c’est bien un chien. Mais, une chienne qui est le féminin de chien désigne un chien de sexe féminin, mais c’est aussi une insulte envers les femmes. 


 

Un chat, c’est un chat. Mais, une chatte désigne le sexe d’une femme péjorativement.

Bien sûr, sur ça, ce n’était pas le but premier de ces mots d’avoir ce sens, mais c’est nous humains qui avons donné ce sens à ces mots.

 

Autre chose, en France, dès tout petit on apprend qu’en grammaire : le masculin l’emporte, gagne toujours sur le féminin.

Par exemple : s’il y a 99 hommes et une femme dans un groupe, je vais les désigner par le pronom “ils”. Et s’il y a 99 femmes et un homme, je vais toujours les désigner par le pronom “ils”.

Également, je vais dire : Antoine et Marie sont grands. Et non pas grandes.


 

Ce qui est très étonnant, surprenant, c’est qu’avant le XVIIe siècle, cette règle de grammaire du masculin qui l’emporte sur le féminin n’existait pas !

Avant, on utilisait la règle de proximité, c’est-à-dire que le nom le plus proche dans la phrase de l’adjectif était accordé avec ce dernier.

Donc, dans la phrase : “Antoine et Marie sont grands”, avec cette règle ça aurait donné : Antoine et Marie sont grandes” ou “Marie et Antoine sont grands”.

C’est lors de l’uniformisation du français par l’Académie française qu’il a été décidé que le masculin l’emporte toujours sur le français. Pour justifier ce choix, un grammairien, un spécialiste de la grammaire, a déclaré que :

« Le genre masculin, étant le plus noble, il doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble »

L’Académie française a donc reconnu le genre masculin comme le genre neutre.

C’est pour cette raison quand on parle d’un groupe en général, on va toujours utiliser le masculin.

Si je parle des habitants en France, je vais dire”habitants” au masculin qui regroupent les hommes et les femmes qui habitent en France. Alors, qu’il y a plus d’habitantes que d’habitants en France. En français, la quantité ne l’emporte pas, c’est le masculin qui l’emporte. 
 

Il y a autre chose qui provoque un grand débat dans la langue française. Ce sont les métiers, les titres professionnels.

Pourquoi l’Académie française n’accepte pas qu’on écrive une professeure avec un -e alors qu’on dit bien une Française avec un -e ?

Encore une fois, avant le XVIIe siècle, il n’y avait aucun problème à féminiser, à mettre au féminin les métiers français. On trouvait des doctoresses, des chirurgiennes, des autrices, et même des médecines (des femmes qui étaient médecins).

Le fait de mettre au féminin les métiers a disparu à partir XVIIe siècle, plus particulièrement pour les métiers qu’on considérait noble : médecin, docteur, auteur, ministre, etc.

Et même si à l’époque on pouvait entendre “pharmacienne”, par exemple. Une pharmacienne ne désignait pas pour autant une femme qui travaillait dans une pharmacie. Non. Une pharmacienne désignait la femme du pharmacien.


 

Peu à peu, on peut remarquer que la féminisation des métiers appairaient à nouveau. Au Québec, en Belgique et en Suisse notamment où il est beaucoup plus courant d’écrire une professeure (avec un -e).

En France, c’est plus compliqué on a toujours cette Académie française qui décide si un mot est correct ou non. Encore aujourd’hui, si une femme est nommée ministre ou présidente on va l’appeler : “Madame le Ministre” ou “Madame le Président”. Cependant, il est tout à fait possible de ne pas l’accepter : 


 

De nos jours, on entend de plus en plus parler d’écriture inclusive.

L’écriture inclusive repose sur trois grands principes :

  • l’accord des métiers, des titres professionnels en fonction du genre (une maire, une autrice, etc.); 
  • la fin du masculin qui l’emporte sur le féminin, on va alors écrire les habitant·e·s. ou dire les habitants et les habitantes.
  • On évitera également d’employer le mot Homme qui désigne aujourd’hui tous les humains : hommes et femmes compris.

L’écriture inclusive n’est pas encore normalisée en France et elle fait polémique. Alors qu’au Québec, l’écriture inclusive a été adoptée.

 

Il faut garder en tête, c’est-à-dire se rappeler qu’une langue est vivante et surtout qu’une langue reflète notre société.

À certains moments de l’Histoire française, la place de la femme n’était pas très favorable, cela s’est reflété dans la langue française. Aujourd’hui, la langue française évolue et continuera d’évoluer.

Bien sûr, il y a des personnes qui sont réticentes, qui ne sont pas favorables aux changements et qui pensent qu’une langue n’est pas modifiable.

Cependant, on a pu le voir à travers l’Histoire que la langue est un outil de communication qui reflète notre réalité actuelle. La langue doit être en accord avec les être humains que nous sommes aujourd’hui et avec notre évolution sociale actuelle.

 


Vocabulaire important :

Épineuse = délicat, compliqué (EN = thorny)

Une bizarrerie =  quelque chose d’étrange (EN = weirdness)

Concis(e) = court et précis (EN = concise)

Péjoratif(ve) = défavorable (EN = pejorative)

Flagrant(e) = évident, visible (EN = obvious)

Emporter = gagner (EN = to win)

Étonnant(e) = surprenant (EN = surprising)

Un grammairien = spécialiste de la grammaire (EN = grammarian)

Un métier = un travail (EN = a job)

Féminiser = attribuer à un nom le genre féminin (EN = feminize, feminise)

De nos jours = actuellement (EN = nowadays)

Garder en tête = se rappeler (EN = to keep in mind)

Réticent(e) = rétif, opposé (EN = unwilling)

 

Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures, en français bien sûr ! 🇫🇷